Championne du monde en 2014, la Française Anne-Valérie Fonder remet sa couronne en jeu, cette semaine, à La Martinerie. Sans aucune pression.

Une championne du monde rodait entre les stands de tir de La Martinerie hier après-midi, et ce n'était pas Laura Flessel. Dans l'ombre de la visite de l'actuelle ministre des Sports (lire page 3), et sans gardes du corps, Anne-Valérie Fonder a profité d'une demi-journée « off » pour venir reconnaître les alvéoles de la zone 1, où elle officiera l'arme au poing ce matin. Du stakhanovisme pur pour cette pimpante quinquagénaire (55 ans) qui ne laisse rien au hasard dans un sport qu'elle a découvert sur le (très) tard, il y a neuf ans, au hasard d'une visite professionnelle sur son île d'adoption, la Martinique. « Je suis vétérinaire de métier et je venais soigner une brebis dans une ferme. Juste à côté, il y avait un stand de tir dédié au tir sportif de vitesse. J'y suis entrée par curiosité et deux tireurs présents m'ont expliqué ce sport. J'ai tout de suite accroché », explique-t-elle.

" Aujourd'hui ce sport dirige ma vie "

Partie de zéro – « Je n'y connaissais strictement rien, je ne savais pas ce qu'était une douille ou une amorce »

Anne-Valérie Fonder avait sans doute de sacrées dispositions pour la discipline. Deux ans plus tard, elle était déjà championne de France, le début d'un long règne qu'elle étendra en 2014 au niveau planétaire, puisque sacrée championne du monde du côté de Frostproof, en Floride (États-Unis).

Preuve de son don naturel pour le tir sportif de vitesse, elle expérimentait à cette occasion une autre « division » (1), le classique. « En classique, on utilise un pistolet à visée ouverte, mais avec un chargeur à 10 coups maximum, contrairement à la division standard, dans laquelle je concourrais à mes débuts et où le chargeur peut aller jusqu'à 20 coups. Avec moins de coups dans le chargeur, la tactique est plus importante, la précision aussi quand on sait qu'il faut deux secondes pour changer de chargeur et que l'on est aussi jugé sur la rapidité », détaille-t-elle.
Méticuleuse, « têtue » de son propre aveu, appuie sur les facultés de concentration nécessaires à la performance dans le TSV. « Une fois que l'on a le casque sur les oreilles, il faut tout débrancher, jure-t-elle. Il faut être focalisé à 100 % sur son parcours, tout le reste, la vie privée, etc., ça doit rester à côté. » Il faut croire qu'elle sait faire le vide, Anne-Valérie Fonder, ses superbes résultats en témoignent.
Cette semaine, la native de Montréal vise le doublé mondial au Centre national du tir sportif de Châteauroux-Déols (« un site exceptionnel, l'un des meilleurs dans le monde », juge-t-elle). De l'ambition, mais en toute décontraction : « Garder mon titre mondial, ce serait bien, mais ce n'est pas capital. » Pour elle, l'essentiel est ailleurs que dans une simple médaille, aussi rutilante soit-elle. « Le tir sportif de vitesse, c'est une passion avant d'être une compétition. Je dirais même que cela dirige ma vie », assure-t-elle. En or ou pas, Anne-Valérie Fonder est et restera une fondue du TSV.